Sécurisation du chargement et bâche des bennes

Sécurisation du chargement et bâche des bennes

Source : n°2 - MAI 2020 - Le magazine d’information de l’UPTR - Rédacteur David Amiel

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, il n’est pas évident de répondre précisément à une question aussi simple que de savoir si, oui ou non, il faut bâcher les bennes.

La réponse à cette simple question varie en effet en fonction des circonstances et du type de

marchandises transportées.

CONTEXTE JURIDIQUE

Le Code de la Route. C’est dans le Code de la route et son article 7.3 qu’on retrouve les objectifs

fixés par le législateur en matière d’arrimage et de sécurisation du chargement.

 

L’Arrêté royal portant règlement général sur la police de la circulation routière et de l’usage de la voie

publique (= le Code de la route) s’adresse à tous les usagers de la route, quel que soit la catégorie de

véhicules utilisée. Il établit le principe de base de la réglementation en la matière ; à savoir que :

«Il est défendu de gêner la circulation ou de la rendre dangereuse, soit en jetant, déposant, abandonnant

ou laissant tomber sur la voie publique des objets, débris ou matières quelconques, soit en y répandant de

 

la fumée ou de la vapeur, soit en y établissant quelque obstacle. »

Cet article s’applique à tous les transports et ce, qu’ils soient réalisés par camion, camionnette, voiture

 

ou par un tracteur agricole).

De manière toujours générale, le Code de la route précise ensuite, en son article 45.1 que :

« le chargement d’un véhicule doit être disposé de telle sorte que, dans des conditions de route normales, il ne puisse pas » :

1. nuire à la visibilité du conducteur;

2. constituer un danger pour le conducteur, les personnes transportées et les autres usagers;

3. occasionner des dommages à la voie publique, à ses dépendances, aux ouvrages qui y sont établis ou aux propriétés publiques ou privées ;

4. traîner ou tomber sur la voie publique ;

 

5. compromettre la stabilité du véhicule ;

La référence aux « conditions de routes normales » doit être considérée comme ‘les conditions auxquelles

un conducteur de véhicule peut être soumis lors d’un freinage d’urgence, d’un démarrage en côte

ou d’une manœuvre d’évitement pour éviter un accident et qui engendre des accélérations telles que

définies dans la norme EN-12195-1’.

Cette règle (et sa référence aux conditions de routes normales) s’applique quelles que soient les

conditions climatiques, l’état de la route ou les turbulences aérodynamiques.

L’article 45 du Code de la Route apporte encore une série de précisions en matière de chargement des véhicules. Ainsi, l’article 45.2 précise très spécifiquement que :

« Si le chargement est constitué de céréales, lin, paille ou fourrage, en vrac ou en balles, il doit être recouvert d’une bâche ou d’un filet. Cette disposition n’est toutefois pas applicable si ce transport se fait dans un rayon de 25 km du lieu de chargement et pour autant qu’il ne s’effectue pas sur une autoroute ».

Les infractions à ces articles du Code de la route sont considérées comme des infractions de deuxième degré.

Elles peuvent être sanctionnés conformément au tableau suivant :Nature de l’infraction Perception immédiate Transaction

En tout état de cause, ces articles du Code de la route invitent le conducteur à se poser systématiquement

la question de savoir si le chargement risque de glisser, de rouler de basculer dans le véhicule et/ou de

tomber sur la voie publique.

L’Arrêté du Gouvernement wallon du 6 juillet 2017 relatif au contrôle technique routier des véhicules utilitaires immatriculés en Belgique ou à l’étranger

Le champ d’application de cet arrêté inclut tant les véhicules construits essentiellement pour le transport

de marchandises (catégories N1, N2 et N 3) et leurs remorques (catégories O3 et O4), que les tracteurs

agricoles dont la vitesse maximale par construction est supérieure à 40km/h (catégorie Tb).

L’annexe II de cet Arrêté du Gouvernement wallon prévoit un tableau avec les critères qui peuvent

être appliqués lors du contrôle de l’arrimage du chargement et qui permet de déterminer si l’opération

se fait dans des conditions acceptables. Ce tableau introduit une classification des défaillances

éventuelles en trois catégories. Pour le transport de produits en vrac, légers ou meubles, vous trouverez

ci-contre le tableau et les critères d’appréciation.Les sanctions prévues pour les défaillances

constatées sont les suivantes :

1. défaillances mineures n’ayant aucune incidence notable sur la sécurité du véhicule ou

n’ayant pas d’incidence sur l’environnement, et autres anomalies mineures : 75 €

2. défaillances majeures susceptibles de compromettre la sécurité du véhicule, d’avoir une incidence sur l’environnement ou de mettre en danger les autres usagers de la route,et autres anomalies plus importantes : 350 €

3. défaillances critiques constituant un danger direct et immédiat pour la sécurité routière ou ayant une incidence sur l’environnement : 1000 €

20.5

Transport de produits en vrac, légers ou meubles

 

 Majeur

 Critique

20.5.1

Produits en vrac emportés par le vent lors de l’utilisation du véhicule sur la route susceptibles de perturber la circulation.

 

x

 

 

Constituant un danger pour la circulation.

 

 

x

20.5.2

Produits en vrac arrimés de manière inadéquate.

 

x

 

 

Perte de chargement constituant un danger pour la circulation.

 

 

x

20.5.3

Produits légers non recouverts

 

x

 

 

Perte de chargement constituant un danger pour la circulation.

 

 

x

 

CONCLUSION

C’est donc à la lumière de ces éléments de sécurité routière qu’il convient d’analyser, au cas par cas,

si oui ou non, le bâchage d’une benne s’impose. Il n’existe donc effectivement pas de base légale qui impose spécifiquement aux agriculteurs et aux transporteurs actifs dans le transport par benne qu’il faille nécessairement mettre une bâche sur tous les transports par benne.

La réponse à la question de savoir si, oui ou non, il faut bâcher une benne, dépendra systématiquement

du risque que toute ou partie de la marchandise tombe sur la voie publique.

Ce risque doit s’analyser en tenant compte du fait qu’un véhicule n’est jamais à l’abri de devoir réaliser

un freinage d’urgence ou une manœuvre d’évitement.

Les conséquences d’une traînée de poussière s’analysant assez différemment selon que l’on soit

chauffeur de camion ou motard, il convient aussi de tenir compte du fait qu’un véhicule en mouvement

est soumis à des turbulences et traînées aérodynamiques et que même à l’arrêt, il est soumis au vent.

 

David Amiel, 

Senior Instructeur à la Défense.

Formateur ADR Catégorie I ,II et III

Chargé de cours externe et membre du réseau expert arrimage de la police Fédérale

 Expert et auditeur DEKRA Belgium

Membre expert EUMOS